L'ONU abandonne son impartialité

Par Nadav Steinman et Richard Marceau

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Richard Marceau
|14 juin2022

Le 27 mai 2021, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies (CDH) a décidé de créer une commission d'enquête à composition non limitée chargée d'enquêter sur "toutes les allégations de violations et d'abus du droit international des droits de l'homme" par Israël dans ses territoires. par Israël dans ses territoires.

Ce rapport a été créé à la suite de la guerre d'autodéfense qu'Israël a été contraint de mener contre le Hamas (une entité terroriste inscrite sur la liste du Canada) en mai 2021, une guerre initiée par le Hamas au cours de laquelle le groupe terroriste soutenu par l'Iran a tiré sans discrimination plus de 4 000 missiles sur des civils israéliens. Le rapport ne mentionne ni le Hamas ni aucun autre groupe palestinien militant qui s'en prend aux Israéliens par la violence pour atteindre des objectifs politiques cyniques.

Le COI a été soutenu par la Russie, la Chine et le Venezuela, des pays non démocratiques dont les violations des droits de l'homme sont aussi flagrantes que bien documentées. En comparaison, des démocraties sœurs et des alliés du Canada, tels que le Danemark, les Pays-Bas, le Japon et l'Italie, ont voté contre la résolution.

Cette inquisition est sans précédent et devrait inquiéter tous ceux qui suivent les travaux de cette importante institution internationale et qui croient en sa mission de "maintien de la paix et de la sécurité internationales".  

Une Commission d'enquête partiale est en contradiction avec les précédents canadiens et les valeurs d'impartialité et d'objectivité que nous chérissons. Depuis la Confédération, le Canada a une impressionnante de commissions d'enquête d'enquête menées de manière approfondie et équitable, une pratique qui se poursuit encore aujourd'hui. Les enquêtes ont été présidées par d'éminents Canadiens tels que Frank Iacobucci, Willard Z. Estey et Rosalie Silberman Abella, qui ont été ou seront plus tard juges à la Cour suprême du Canada. Le Premier ministre William Lyon Mackenzie King a eu l'honneur de présider quatre commissions d'enquête distinctes entre 1907 et 2007. commissions d'enquête distinctes entre 1907 et 1908.

Le fondement des 370 rapports nationaux d'information sur les pays d'origine de du Canadaà ce jour est leur impartialité incontestable, qui a suscité la confiance du public dans leurs conclusions et la fierté de leur dossier juridique.

Cette commission d'enquête contrevient à la norme d'impartialité chère au Canada et viole les normes des Nations unies elles-mêmes, qui stipulent que les personnes chargées des enquêtes doivent "dans tous les cas, avoir fait la preuve de leur indépendance et de leur impartialité. Il est également important de s'assurer que les antécédents des candidats, leurs déclarations publiques antérieures ou leurs affiliations politiques ou autres n'affectent pas leur indépendance ou leur impartialité, ou ne créent pas de perceptions de partialité".

La juriste sud-africaine Navanethem Pillay a été choisie pour présider le comité d'experts du Conseil des droits de l'homme des Nations unies sur Israël. Mme Pillay possède un curriculum vitae impressionnant qui la qualifie généralement pour siéger dans les commissions d'enquête. En ce qui concerne Israël, cependant, elle a un parti pris bien documenté qui, selon les propres directives de l'ONU, devrait la disqualifier pour participer à cette commission d'enquête.

La juge Pillay a accusé Israël de pratiquer l'apartheid et se déclare "très satisfaiteLa juge Pillay a accusé Israël d'apartheid et affirme être "très satisfaite" de la campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanction) contre Israël. Historiquement, les premiers ministres canadiens ont, à l'inverse, condamné cette campagne, la qualifiant à juste titre d'antisémite. la qualifiant d'antisémite. Mme Pillay a salué la "immense victoire" contre Israël lorsque le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a publié une liste noire des entreprises faisant des affaires dans les territoires. Elle a publiquement soutenu les enquêtes sur les "crimes de guerre d'Israël". et a signé à des pétitions demandant de nouvelles enquêtes visant Israël. Malgré ces faits et d'autres preuves de sa partialité, le CDH l'a néanmoins nommée présidente de la Commission d'enquête, une décision qui, en exposant la partialité du CDH à l'égard de l'État juif, est en soi profondément troublante.

La juge Pillay a certainement le droit d'exprimer ses opinions sur Israël. Mais ces opinions, exprimées publiquement et de manière répétée, remettent en question son impartialité et devraient la disqualifier pour ce rôle.

S'il est malheureusement devenu habituel que les Nations unies ignorent leurs propres lignes directrices en matière d'impartialité lorsqu'il s'agit d'Israël, nous attendons davantage de notre propre gouvernement.

Le Canada devrait reconnaître et réfuter publiquement cet échec. Compte tenu de l'expérience nationale du Canada en matière d'impartialité des commissions d'enquête et des valeurs claires de la politique étrangère consistant à soutenir la crédibilité des institutions internationales, nous demandons à notre gouvernement de rejeter les conclusions de cette commission partiale. Le dicton "La justice ne doit pas seulement être rendue, elle doit aussi être perçue comme telle" est un principe important de notre tradition juridique.

Le 13 juin, au début de la session du CDH, la juge Pillay publiera son rapport, qui sera influencé par son parti pris personnel. Le monde condamnera une fois de plus Israël, mais restera silencieux quant au mépris de l'ONU pour ses propres lignes directrices et principes destinés à garantir l'intégrité de sa commission d'enquête.

Pour préserver sa propre crédibilité et inciter les Nations unies à se réformer, le Canada doit faire preuve de leadership et rejeter ce rapport.

Nadav Steinman est président du Forum juridique international et associé (retraité) chez Norton Rose Fulbright.

Richard Marceau est vice-président et avocat général du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) et ancien membre du Parlement canadien. 

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A propos de Richard Marceau
Richard est un ancien membre du Parlement, un avocat, un auteur publié, un militant des droits de l'homme et une personne passionnée par l'histoire juive.