Note d'information : AIMH et définition antisémitisme
AIMH En juin 2019, le gouvernement du Canada a annoncé qu'il avait adopté la définition de antisémitisme dans le cadre de la stratégie canadienne de lutte contre le racisme.


AIMH Mise à jour : En juin 2019, le gouvernement du Canada a annoncé qu'il avait adopté la définition de antisémitisme dans le cadre de la stratégie canadienne de lutte contre le racisme.
Résumé
L'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (AIMH) a établi une définition de travail de antisémitisme qui comprend des paramètres clairs sur ce qui constitue - et ne constitue pas - antisémitisme. Le Canada a adopté la définition de AIMH pour les besoins de sa politique étrangère. Les autorités compétentes des trois niveaux de gouvernement devraient adopter la définition AIMH ou s'y référer pour lutter contre antisémitisme dans la société canadienne.
Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (AIMH)
L'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (AIMH) a été créée en 1998 en tant que forum réunissant des gouvernements et des experts pour "renforcer, faire progresser et promouvoir l'enseignement, la recherche et la mémoire de l'Holocauste". Elle compte aujourd'hui 32 pays membres (dont 25 États membres de l'UE), y compris des représentants du gouvernement du Canada. L'ambassadeur Matthew Levin est le chef de la délégation canadienne à AIMH.
AIMHLa définition de travail de l antisémitisme
La haine et la discrimination ne peuvent être combattues efficacement sans définitions claires. L'expérience de la communauté juive dans la définition de antisémitisme par le biais d'un processus international consensuel en consultation avec des universitaires est un guide utile pour combattre d'autres formes de haine.
AIMHParmi les activités éducatives de antisémitisme figurent l'élaboration d'une définition de travail de et des exemples illustratifs pour guider son application. La définition et les exemples, qui ont été officiellement adoptés en un seul texte par la plénière de AIMHà Budapest le 26 mai 2016, peuvent être consultés ici.
AIMHLa définition et les exemples illustratifs de la Commission traitent d'un éventail d'activités et de rhétorique contemporaines qui peuvent être considérées comme antisémites. Il s'agit notamment des appels à la violence contre les Juifs, de la négation de l'Holocauste, de la rhétorique qui déshumanise ou diabolise les Juifs, de l'attribution d'un blâme collectif au peuple juif pour les actions de certains Juifs, et des stéréotypes antisémites classiques de conspirations juives mondiales et de contrôle juif des médias, du gouvernement et de l'économie.
La définition et les exemples illustratifs notent également que, si les critiques à l'égard d'Israël similaires à celles dirigées contre d'autres pays ne doivent pas être considérées comme antisémites, certains discours à l'égard d'Israël peuvent être considérés comme des formes de antisémitisme. Il s'agit notamment de nier le droit du peuple juif à l'autodétermination en affirmant que l'existence d'Israël est une entreprise raciste, de faire des comparaisons entre les Israéliens et les nazis et d'exiger qu'Israël respecte les normes attendues d'aucune autre nation démocratique.
Cinq faits essentiels sur la définition de AIMH
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AIMHLa définition de l'UE est ancrée dans un consensus international
AIMH n'est pas le premier forum à affirmer l'importance de définir antisémitisme. En 2005, l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC) a publié une définition de travail de antisémitisme. En 2010, la Coalition interparlementaire pour la lutte contre l'antisémitisme (ICCA), un organe interpartisan composé de parlementaires, a élaboré le Protocole d'Ottawa qui fait référence à une définition similaire.
La définition de AIMH s'appuie sur ces initiatives. Ayant été adoptée par plusieurs gouvernements dans le monde, la définition AIMH sert désormais de norme internationale pour définir antisémitisme. Peu après sa publication, le gouvernement du Canada a approuvé la définition en tant que pilier de ses efforts pour promouvoir la liberté de religion à l'étranger. Comme l'indique le site web d'Affaires mondiales Canada : "Le Canada soutient fermement la définition de travail sur antisémitisme et les exemples illustratifs".
La définition AIMH a été officiellement adoptée par le Royaume-Uni, l'Écosse, la ville de Londres, l'Autriche, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie, la République tchèque, la Slovaquie, la Moldavie, la Macédoine et la Lituanie. En 2017, le Parlement européen a adopté une résolution appelant les États membres et les institutions à adopter ou à appliquer la définition AIMH .
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La définition de AIMH est nécessaire pour tenir compte de la nature changeante de antisémitisme
La définition de AIMH reflète un consensus parmi les spécialistes selon lequel un nouveau type de antisémitisme est apparu après l'Holocauste, sous la forme d'une haine des Juifs présentée comme une hostilité à l'égard d'Israël et/ou du sionisme. (Pour plus de clarté, le dictionnaire Oxford définit le sionisme comme "un mouvement pour [à l'origine] le rétablissement et [maintenant] le développement et la protection d'une nation juive dans ce qui est aujourd'hui Israël").
Historiquement, antisémitisme s'est constamment adapté aux tendances et aux conditions sociales, politiques et intellectuelles. Par exemple, chez certains chrétiens du Moyen Âge, elle a pris la forme d'accusations de déicide juif. Avec la montée du nationalisme dans l'Europe du XIXe siècle, elle a évolué vers des affirmations selon lesquelles les Juifs constituaient une nation distincte qui menaçait les États-nations dans lesquels ils vivaient. Au début du 20e siècle, la fausse science de l'eugénisme a gagné du terrain et les Juifs ont été présentés comme racialement inférieurs.
Aujourd'hui, les spécialistes reconnaissent largement une nouvelle forme de antisémitisme sous la forme de la haine contre Israël, le seul État juif au monde. Alors que les Juifs étaient autrefois vilipendés en tant qu'individus et en tant que collectivité, l'État juif est aujourd'hui vilipendé par certains, souvent au moyen d'une terminologie et de théories du complot qui reflètent l'histoire antisémitisme. Le fait que l'idéologie et les accusations antisionistes soient souvent présentées dans le langage des droits de l'homme ne les dispense pas d'un examen approfondi. Comme indiqué plus haut, antisémitisme a toujours utilisé les valeurs les plus élevées de l'époque comme couverture pour se légitimer.
En termes plus simples, comme l'a fait remarquer Martin Luther King Jr. en répondant à un critique du sionisme : "Quand les gens critiquent les sionistes, ils veulent dire les juifs, vous parlez de antisémitisme." (Source : Seymour Martin Lipset, Encounter Magazine, décembre 1969).
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La définition AIMH est un outilpratique
La définition AIMH est une définition "de travail" pragmatique et flexible, plutôt qu'une formule rigide. Par exemple, le préambule à la liste d'exemples illustratifs indique : "Des exemples contemporains de antisémitisme dans la vie publique, les médias, les écoles, le lieu de travail et la sphère religieuse pourraient, compte tenu du contexte général, inclure, mais ne sont pas limités à...".
Comme indiqué dans le texte lui-même, antisémitisme peut être criminel selon les circonstances, mais la définition englobe à la fois les formes criminelles et non criminelles de antisémitisme. Pour les besoins nationaux canadiens, elle doit être considérée comme un outil pratique que les autorités peuvent utiliser dans l'accomplissement de leurs mandats en ce qui concerne antisémitisme.
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La définition AIMH peut aider à contrer antisémitisme de diverses manières
Conformément à l'approbation du texte par Affaires mondiales Canada, la définition de travail AIMH et les exemples illustratifs seraient un outil efficace pour contrer antisémitisme au Canada.
Le ministère du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme supervise la stratégie antiraciste du Canada, qui comprend la définition AIMH . Les institutions relevant du mandat du ministère du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme devraient également utiliser la définition comme outil pratique dans leur travail, comme la Fondation canadienne des relations raciales et la Commission canadienne des radiocommunications (CRTC). Les institutions relevant du mandat du ministère du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme devraient également utiliser la définition comme outil pratique dans leur travail, comme la Fondation canadienne des relations raciales et la Commission canadienne de la radio-télécommunication (CRTC).
La Commission canadienne des droits de l'homme et les commissions provinciales des droits de l'homme devraient utiliser la définition AIMH lorsqu'elles enquêtent sur des affaires impliquant antisémitisme.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) devrait utiliser la définition AIMH lorsqu'elle enquête sur des crimes haineux ciblant la communauté juive. Le ministère de la Justice devrait utiliser la définition AIMH dans le cadre d'un programme national de formation des fonctionnaires concernés sur les lois canadiennes relatives au discours haineux.
Et les organismes fédéraux concernés, de concert avec les plateformes de médias sociaux et les fournisseurs de services Internet, devraient lancer une stratégie nationale de lutte contre haine en ligne. La définition AIMH devrait être un élément central de cet effort.
Les fonctionnaires d'autres niveaux de gouvernement devraient également examiner la manière dont la définition AIMH pourrait être utile dans l'accomplissement de leurs mandats respectifs. Au niveau provincial, la définition AIMH pourrait être utile pour développer des initiatives de lutte contre le racisme et des politiques d'équité du ministère de l'éducation, ainsi que pour assurer la cohérence de la part des procureurs généraux provinciaux dans la lutte contre les crimes haineux. Les services de police provinciaux et locaux bénéficieraient également de la définition du site AIMH lorsqu'ils enquêtent sur des crimes haineux visant la communauté juive.
Au niveau municipal, cette définition pourrait inclure les politiques municipales relatives à la location d'installations municipales par des organisations extérieures.
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La définition AIMH équilibre la liberté d'expression et la protection contre la haine
La définition AIMH propose des paramètres et des exemples concrets permettant de distinguer la rhétorique antisémite du discours politique légitime. Les lignes directrices qui permettent d'éclairer ce qui peut être considéré comme antisémite clarifient également ce qui ne peut pas être considéré comme antisémite. Ce faisant, AIMH a apporté une contribution substantielle non seulement à la lutte contre la haine, mais aussi à la défense de la liberté d'expression. Les mêmes paramètres qui guideront les autorités pour tenir responsables ceux qui colportent antisémitisme contribueront également à exonérer ceux qui s'engagent dans un discours légitime d'accusations fausses ou erronées.
Comme l'indique la définition, les critiques à l'égard d'Israël, au même titre que celles dirigées contre d'autres pays, ne peuvent pas être considérées comme antisémites. Tout comme les Canadiens critiquent les politiques et les décisions de leurs dirigeants élus, les Israéliens et d'autres personnes critiquent librement le gouvernement démocratiquement élu d'Israël. L'effort de lutte contre la haine n'est compromis que lorsque le discours politique légitime est restreint.
Conclusion
Ce défi complexe n'est pas une question abstraite, mais plutôt un problème qui touche directement la société canadienne. Les forces de l'ordre, les autorités chargées des droits de l'homme et les experts de la société civile attestent de la tendance inquiétante à la hausse du site antisémitisme dans de nombreuses régions du monde. Bien que le Canada soit un pays exceptionnellement sûr pour être juif ou membre d'un autre groupe minoritaire, la société canadienne n'est pas à l'abri de ce phénomène dangereux.
Les données de Statistique Canada confirment systématiquement que la communauté juive est la minorité la plus fréquemment ciblée en matière de crimes haineux. En 2017, Statistique Canada a signalé 360 crimes haineux visant la communauté juive, soit une moyenne d'une fois toutes les 24 heures.
Ces tendances reflètent la persistance du site antisémitisme en marge de la société canadienne. Les recherches sur l'opinion publique entreprises par le CIJA, ainsi que des recherches similaires menées par d'autres organisations, montrent constamment que dix à trente pour cent des Canadiens adhèrent à des attitudes et des opinions antisémites.
Outre le site antisémitisme, la haine envers Israël a conduit à la diffamation et à des actes criminels de haine à l'encontre du site Juifs canadiens . Par exemple, en 2004, l'école United Talmud Torah de Montréal a été la cible d'une bombe incendiaire par un assaillant en "représailles" à la mort d'un dirigeant du Hamas à Gaza. Dans les années qui ont suivi, de nombreux appels à la violence et au meurtre de Juifs ont été documentés lors de manifestations anti-Israël au Canada. Sur les campus universitaires, des incidents antisémites (y compris des actes de vandalisme) ont eu lieu dans le cadre de campagnes appelant au boycott des Israéliens.
Les gouvernements et la société civile doivent faire davantage pour lutter contre antisémitisme et d'autres formes de haine. La définition du site AIMH offre un outil clair, consensuel et pratique pour distinguer la haine juive du discours légitime et constitue donc un élément essentiel de la solution.
